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ANNAPURNA
7 janvier 2009

TOUR DES ANNAPURNA

Samedi 8 novembre

Départ du bus à 7 heures, en direction de Pokhara. Cette fois les conditions de voyage sont presque normales: personne sur le toit. Il faut quand même une heure pour sortir de KTM, puis c'est le slalom entre les camions et les bus en panne. Un arrêt casse croûte à 12h. Pâtes chinoises pour moi. Je demande au chauffeur s'il peut me laisser 10 km avant Pokhara. Je vais démarrer le trek par un circuit peu fréquenté par les touristes. 20 km avant l'arrivée, en montant péniblement une côte, le moteur se met à dégager une épaisse fumée noire, puis s'arrête. Tout le monde descend prendre l'air. Les aides mécanicien plongent sous le capot, pendant que le chauffeur déplie son journal. Après 20 mn, ça redémarre pour 10 km: nouvel arrêt enfumé. Cette fois le chauffeur s'en mêle et rajoute 12 litres d'eau dans le radiateur. Un peu plus loin il me laisse à l'endroit d'où je veux démarrer.

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Je le regarde partir vers Pokhara en me demandant combien d'arrêts il devra faire pour y arriver. J'attaque le trek sur une route bitumée pendant quelques kilomètres. Je longe des champs avec la chaîne des Annapurna sur l'horizon. Je croise quelques tracteurs. Les fermes sont assez jolies. La route se transforme en piste, ça commence à grimper. Je dépasse Begnas tal bazar, où je suis invité à boire une bière qui me coupe les pattes. Je dépasse Talbesi, il est 18h il ferait nuit sans la lune. Je plante dans une rizière (à sec) car je ne trouve aucun espace plat et libre pour y mettre la tente.

anna1 sur la carte j'ai repéré le point de départ Tal Chowk. Les bivouacs sont repérés par des chiffres. Pour cette étape c'est après talbesi Bazar.

Dimanche 9 novembre

Bien dormi, un peu chaud. Je continue la piste, quelques fois doublé par un 4x4 bourré de matériel ou de passagers jusqu'au plafond. On me fait des grands signes. la piste serpente dans une végétation tropicale, les parties à l'ombre sont très humides. Dans ces passages il y a sur le sol des vers de 5 à 10 cm, sans doute les fameuses sangsues. J'évite de passer sous la végétation.

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Le terrain devient plus montagneux, toujours équipé de rizières. Arrêt sur une petite rivière, l'eau est tiède, j'en profite pour faire la toilette. Un bus traverse le gué. De temps en temps je remarque dans les villages d'étranges constructions.

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je m'arrête dans un thé shop pour un dalh bath. Ma carte attire beaucoup de monde, je vois les doigts suivre des vallées s'arrêter sur des pics ou des villages. ça discute beaucoup. Je continue le chemin qui travers maintenant des bananeraies. J'arrive sur une large vallée ou coule une rivière tiède. Il est 16h30 je bivouaque et flâne au soleil couchant.

anna2 cette carte couvre 3 étapes (jusqu'à mardi soir)

Lundi 10 novembre

Réveil dans la brume, 50 m de visibilité. J'entends dans la vallée les paysans partir dans leurs champs. Le soleil n'arrive pas à percer, je démarre. Je suis un peu perdu dans les bancs de sable.

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Deux petites filles vont à l'école elles me montrent le chemin que j'avais perdu. Nous marchons ensemble jusqu'à l'école. Je continue seul, fais quelques impasses, l'eau du torrent est si belle que je ne résiste pas au plaisir de faire de la nage à contre courant.

 

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Je passe le torrent sur un pont assez précaire. Deux enfants me regardent passer en se demandant si je vais y arriver (moi aussi). Ils m'accompagnent jusqu'à Nalma, un dénivelé de 800m. Je m'arrête de temps en temps pour faire une pause ou prendre des notes, ce qui les intéresse beaucoup. Je traverse Nalma au moment de la sortie de la classe: c'est l'émeute. Un essaim d'enfants m'escorte jusqu'à la sortie du village. Un peu plus loin je rencontre un ancien Ghurka (unité militaire britannique). Il a servi 26 ans et visité toute l'asie. Il lui reste très peu d'anglais. par contre ses économies lui ont permis d'acheter une ferme et de bien vivre. Il a 72 ans et s'inquiète de savoir comment je dors et ce que je mange. Il trouve que mon régime est insuffisant, la suite lui donnera raison.   

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je chemin continue à grimper, le soleil descend. Les sommets se couvrent de rose.  Je plante encore dans une rizière, un peu après Lamagaon.

Mardi 11 novembre                      

Lever de soleil sur la chaîne montagneuse. C'est curieux cette capacité à toujours s'émouvoir  de la même chose. Peut être un début d'elhsaimer? Descente en escalier sur la vallée de Besi Sahar.

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De temps en temps de très beaux Chottara (lieu de pose des porteurs). Je m'attarde un moment avec des paysans occupés à battre le riz. Le matériel est inexistant. Ils confectionnent les javelles avec une corde de paille qu'ils tressent sur place. Ils frappent énergiquement les javelles sur une pierre, Il y a beaucoup de perte de graines et d'énergie. Je teste la méthode à la grande joie des paysans. Ils me demandent tous de les prendre en photo, pour se voir sur l'écran de l'appareil. ça les amuse beaucoup.

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Un peu plus loin je fais une pose thé. La vallée s'élargit, j'arrive à Bhulbhule  sans passer Par Besi Sahar, lieu de départ classique du tour. Je trouve des minibus et des groupes de randonneurs escortés de guides et de porteurs. C'estporteurs.C'est beaucoup de monde pour moi, mais ce n'est quand même pas la foule.

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Le chemin est scandaleusement facile. Le premier village traversé montre l'influence du tourisme sur la vie locale. La plupart des fermes a été transformée en lodge. Il y en a tellement que je me demande s'ils peuvent tous en vivre. Je suis d'ailleurs sollicité fermement pour prendre pension chaque fois que je passe devant un lodge. C'était dèjà sensible à Langtang, ici c'est bien pire. Je traverse un petit pont qui doit être le premier passage exotique des randonneurs fraîchement débarqués. Le chemin commence à prendre des allures montagnardes. je dépasse Bahundanda, il commence à faire sombre. Des Népalais s'inquiètent de l'endroit où je vais passer la nuit. Je bivouaque à 1200m, dans une rizière (encore!).

Mercredi 12 novembre

2 heures du matin, la chaleur m'a réveillé. Pleine lune, il fait clair, pas de nuage. Je me sens reposé, je décide une marche au clair de lune. Le temps de plier la tente et de prendre un petit déjeuner, je démarre à 3 h. Pour moi, c'est une première. c'est très bizarre, le paysage ne ressemble pas à celui du jour. il fait assez clair pour marcher sans difficulté, et éviter les trous et les cailloux. Je réveille les chiens en traversant des hameaux. La vallée est assez étroite, et la lune disparaît derrière la montagne. C'est moins clair, de temps en temps j'allume la frontale. Je traverse le torrent à Syange. Il commence à faire jour avant d'arriver à Jagat.

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Il y a eu une tentative de tracé de piste avec un bulldozer dont la carcasse est abandonnée. La montagne a eu le dernier mot, des glissements de terrain font disparaître de grands morceaux de cette piste. Les porteurs continuent leur travail de fourmi.

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je traverse Chyamche, puis le torrent MarsyangdiMarsyangdi Nadi sur un pont suspendu. Des convois de mulets assurent le transport de marchandises sur ce trek. C'est assez surprenant d'y voir quand même autant de porteurs. Je m'arrête pour une pause sieste dans le lit du torrent devant une chute d'eau. Je me réveille entouré par un groupe de  randonneurs en train de casser la croûte. Je continue, le paysage devient grandiose. Je traverse Tal, (un village de Lodge) et trouve une plage sur le torrent pour passer la nuit. Des vaches s'y promènent, une curieuse passe la tête sous la tente et manque de l'emporter avec ses cornes. les troupeaux rentrent au bercail, les derniers porteurs terminent leur journée.

anna3 étape de ce jour et celle de demain

  Jeudi 13 novembre

bonne nuit, bercé par le torrent je suis bien reposé. Le vent est frais dans cette vallée étroite.

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Les vaches sont de retour, les porteurs et les convois de mulets aussi. La vallée s'élargit, je retrouve le soleil et la chaleur. Je m'attarde un bon moment pour observer les acrobaties d'une bande de singes dans une forêt de bambous, juste au dessus de moi. Trop loin pour la photo.

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A Dharapani, mon permis de trek est contrôlé par un fonctionnaire du parc qui recopie dans un grand registre les informations de mon passeport. Il passe ensuite le passeport à un militaire installé à la même table qui fait exactement la même chose dans un autre registre. Dehors les porteurs se reposent. Je continue dans la vallée, puis en fin d'après midi un dénivelé assez sévère m'amène à Timang qui d'après ma carte est à 2270m,mais mon altimètre indique 2600m, ce n'est pas la première fois que je remarque un désaccord entre la carte et l'altimètre. Je fais plus confiance à mon altimètre. La vue sur les sommets est très belle. je bivouaque un peu après le village, en balcon sur la vallée.

Vendredi 14 novembre

J'ai été réveillé cette nuit par une bande de jeunes qui voulaient connaître ma nationalité. Je crois ne pas avoir été très aimable dans ma réponse. Je suis parti un peu avant le lever du soleil. il y a de la gelée blanche, mais le paysage est superbe. Je traverse Koto où je suis à nouveau contrôlé par un militaire. Un peu plus loin je traverse Chame, il y a quelques groupes de randonneurs. Finalement, je n'en vois pas tant que ça, et je me rends compte que les solitaires ne sont pas si rare que ça.

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a la sortie du village je suis accompagné un bon moment par deux petits diablotins. Le soleil a bien réchauffé l'air. je traverse une vallée à l'allure alpestre, puis une autre où la montagne ressemble à un immense vélodrome. Je fais une bonne étape restau, puis le soleil commence à passer derrière la montagne. je continue dans la vallée. Il me faut choisir entre deux options: passer par Lower Pisang le chemin qui suit la vallée ou bien par Upper Pisang un chemin en balcon qui grimpe par Ghyaru. Je choisi le second.

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il faut d'abord traverser le torrent sur un pont qui a un peut souffert lors d'une dernière crue. Je passe prudemment sans m'attarder. ça grimpe ensuite jusqu'à Upper Pisang, village de pierre sombre, avec des habitants habillés en noir. Tous plutôt vieux et assez sales. L'ensemblesales.L'ensemble est assez sinistre. Je suis invité à passer la nuit dans un lodge. non merci. Un peu plus loin je trouve un endroit à bivouac idéal avec la vue sur les Annapurna 2 et 4 (7937m et 7525m). Je suis à 3400m et j'ai du mal à imaginer qu'ils soient à plus de 4000m au dessus de ma tête. Je regarde le soleil se coucher sur ces sommets et les tourbillons de neige soulevés par le vent. Il ne doit pas faire chaud là haut!

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Samedi 15 novembre

2h30 je me réveille en pleine forme. Un oeuil par la porte, les Annapurna sont toujours là. La pleine lune à la verticale de la vallée éclaire tout ce paysage d'une lumière irréelle. C'est beau. C'est décidé, je pars c'est trop beau. Une heure après je suis en route. Il fait froid (la bouteille d'eau a gelé dans la tente) mais pas de vent, je suis bien couvert et je suis trop absorbé par le paysage pour avoir froid. Le ciel est lumineux, constellé d'étoiles. Le silence est profond.

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le chemin grimpe tranquillement. J'arrive à 5h45 à Ghyaru (3670m). Je m'installe au pied d'un mur du village, face à la montagne, en attendant le lever de soleil. Des femmes font la navette entre le village et les champs. Elles transportent du fumier dans de grands paniers. Le bon côté est que le fumier doit leur tenir chaud au dos. En ce qui me concerne les 20 mn immobile m'ont transformé en glaçon. Je file au thé shop. Je surprends tout le monde à cette heure là. On me fait de la place près du poële. Je me déchausse et mets mes pieds à rôtir. Pendant ce temps je vois des porteurs dans la cour en train d'essayer ma brouette.

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je traverse le village à l'heure de la sortie des bêtes. beaucoup de maison sont abandonnées, l'architecture a dû être très belle, et le village important à en juger par la dimention du mur à prière.Il y à des deux côtés des moulin à prières en bronze et des des représentations de divinités peintes sur le mur derrière les moulins. Tout cela semble très ancien, un peu abandonné aux agressions de la nature. Manifestement ce village n'a pas été encore trop touché par le tourisme. Je peux mesurer le bon et le mauvais cotê des choses.

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les peintures sont encore assez bien conservées, il y a aussi des parchemins et divers objets sant doute déposés par les fidèles. Plusieurs monuments dans le même état sont disséminés dans le village. Vu de loin au lever du soleil, les fumées des cuisines donnent au village un aspect fantômatique et sauvage.

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Le soleil est haut maitenant sur les Annapurna, il commence à faire chaud. Coup de chance, juste devant moi, à 20 mètres, 4 moutons sauvages coupent le chemin en bondissant comme des chamois. Ce sont ces fameux "blue ship", qui ne sont pas bleus, mais équipés de cornes comme des chévres. En quelques secondes ils sont 200 mètres au dessus de moi, sur un poste d'observation. Je rejoins un couple d'américains qui ont pris 6 mois pour visiter l'asie. Je traverse Bhraka, la vallée devient très large. Quelques gros monastères sont adossés à la falaise. Je traverse Manang, gros bourg touristique sans intètêt pour moi. je file en direction Khangsar. je bivouaque à 3600m sur une falaise un peu avant d'y arriver.

anna5 pour les étapes samedi, dimanche et lundi

Dimanche 16 Novembre

7 heures, le soleil réchauffe la tente, et moi avec. Le torrent arrive de l'Annapurna 1 que je vois au loin. La falaise est décorée de cheminées sculptées par l'érosion.

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Je vais aller voir le lac Tilicho, l'un des plus haut du monde. Comme je dois revenir par le même chemin je laisse ma brouette et le plus gros de mon matériel dans le premier lodge venu, la grosse bâtisse que l'on voit à l'entrée du village Khangsar. Je garde mon petit sac à dos, et transporte un duvet pour une nuit au refuge du Tilicho mon gilet doudoune et mes provisions.

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Le chemin monte tranquillement vers le lac au pied du Tilicho peak que j'aperçois au fond de la vallée. Le paysage est très accidenté. De temps en temps le chemin passe par de petites difficultés qui m'auraient sans doute posé problème avec la brouette.

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Je n'ai rien à traîner, je voyage rapidement dans un décors de haute montagne. J'arrive à 4700m sans m'en rendre compte. Dans le bas de la vallée j'aperçois le refuge où je vais passer la nuit. Je dévale en courant dans un pierrier qui va presque jusqu'au refuge à 4150m. Très amusant, j'ai eu l'impression de voler. Le refuge est plein comme un oeuf. Il reste une place en dortoir de 8, au milieu, juste en face de la porte. ça va me changer du bivouac.

Lundi 17 novembre

Comme prévu je n'ai pas dormi. Mes voisins eux, si! à en juger par leurs ronflements. Certains se sont levès à 4h pour aller voir le lac. Pendant le petit déjeuner je discute avec une allemande qui me dit avoir abandonné le bivouac pour des raisons de confort. C'est bizarre, je continue à bivouaquer pour la même raison.

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Le soleil commence à éclairer les sommets, c'est mon heure. Première difficulté, traverser le petit torrent gelé, le patinage n'a rien d'artistique. Il vaut mieux éviter de se retrouver à plat ventre. Pour le reste le chemin n'est pas difficile, il passe à flanc de montagne jusqu'au lac.

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Il y a environ 800m de dénivelé pour arriver au lac dominé par le glacier et le glacier et le Tilicho peak au dessus. le manque d'oxygène commence à me gèner, je suis essouflé. J'ai croisé quelques randonneurs qui n'ont pas pu monter. Le froid me paralyse un peu les doigts. Fatalitas, en voulant me prendre en photo, l'appareil me glisse des mains et tombe sur un rocher. L'objectif ne s'en remet pas. Ce sera la dernière photo nette. à partir de maintenant tout est flou. Voilà un flou, pas artistique, du lac et du maladroit. Je reste un bon moment à contempler le glacier le lac à près de 5000m, et les montagnes avec avec le grand plaisir d'y être seul. Il est 13h je commence à avoir froid, je redescends. Je passe devant le refuge sans m'y arrêter et file vers Kangsar. Il y a deux chemins pour aller au Tilicho. Celui qui passe par le sommet et l'autre qui passe par la vallée. Je suis venu par le haut je rentre par le bas. Après expérience, c'est le bon choix. J'arrive au lodge vers 17h. Je prends ma douche dans une cuvette, le repas, et au lit.

tilichoComme je n'ai plus d'appareil photo, voilà une carte postale du Tilicho.

Mardi 18 novembre

Personne n'a ronflé près de moi. J'ai bien récupéré. Je discute avec un Népalais qui fait guide pour deux jeunes australiens. Ils font des treks plutôt difficiles. Ils vont au Tilicho, mais vont rejoindre Jomsom en passant par le Mesokanto La pass (5120m). C'est pas pour les rigolos comme moi. Je vais reprendre le trek pépére, et passer par le Thorong La. C'est plus haut (5400m) mais plus facile. Je ne retourne pas vers Manang, il y a un raccourci qui rattrape le trek à Ghyanchang. ça démarre sec, 400m de dénivellé après le petit déjeuner. Descente de 400m vers l'autre vallée et passage du torrent sur deux troncs d'arbres garnies de stalactites de glace. Sur le dessus une belle couche de glace pour poser les chaussures. Je passe un bon moment à quatre pattes pour casser la glace avec un caillou pointu. Passage acrobatique mais victorieux. ça réchauffe.

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la photo est vraiment mauvaise, mais ça donne une petite idée. Mieux vaut éviter le bain, l'eau n'est pas chaude du tout. Je rejoins le trek "officiel", la piste est un vrai billard, je file comme une flèche et double quelques groupes de randonneurs. J'arrive vers 17h au fond de la vallée à Thorong Phedi. C'est un camp de concentration de lodge. Plein de monde. je n'ai pas envie de passer la nuit en dortoir. On est à 4450m il ne fera pas chaud cette nuit, tant pis je bivouaque. Cette nuit je dormirai avec tout ce que j'ai de vêtements. Je dois être en forme pour demain car j'ai un rendez-vous très important au col. La carte donne les étapes de mardi, mercredi et jeudi.

Mercredi 19 novembre

Nuit fraîche, mais j'ai bien dormi. 7h Silence, je m'attendais à être déveillé par les départs de groupe. Rien, Je passe le nez dehors. c'est tout blanc, il neigeotte. Quel est l'état du col? est-il franchissable? Pas de panique, je prend le petit déjeuner, dommage pour mon rendez-vous. Je vais au lodge prendre des renseignements. Personne! Tout le monde parti. Je n'ai pas entendu les départs à cause de la neige. Si tout le monde est parti c'est que c'est possible. On y va! Je décolle à 9 heures. Le chemin est très raide, finalement il y a de moins en moins de neige. Dix heures j'arrive au camp de base 4920m: une heure pour 400m. C'est pas mal avec 20 kg à cette altitude. Je vais ralentir, il reste encore pas mal à faire. Je fais une bonne étape casse croûte et redémarre. Le chemin grimpe assez raide, mais il n'est pas difficile. Le soleil a fait fondre la neige et réchauffe l'air. A propos d'air, je commence à avoir du mal à respirer. je fais de fréquents arrêt pour faire de "l'hyper ventilation", pour pomper l'oxygène qui me manque.  Je monte doucement cette fois. Vraiment un pied devant l'autre, à peine une longueur de chaussure. J'aperçois un drapeau sur l'horizon: le col. ça me donne du nerf. J'arrive, ce n'est pas ça. Il y en à un autre plus loin. j'avance, toujours pas ça. Puis il y en a d'autres. Je consulte fréquemment mon altimètre, C'est moralement épuisant. Mon rendez vous est de plus en plus loin. Enfin j'aperçois un tumulus avec des drapeaux ç'est ça. J'y arrive, mais mon altimètre me dit qu'il manque 50 métres. En effet, sur l'horizon un autre tumulus et des drapeaux. Je m'y traîne, c'est bien là cette fois! Mon rendez vous est là! Aujourd'hui 19 novembre c'est mon anniversaire, et je viens de m'offrir l'un des plus hauts col du monde 5416m. Il y a une cabanne, un Népalais tient un thé shop, il vit là pendant deux mois. Il doit se faire des globules rouges. Il est 13heures, je suis son dernier client. Je reste une petite heure à déguster mon cadeau d'anniversaire en buvant du thé. Je sens qu'il me faut redescendre, le moindre effort me fait apparaître des étoiles. Descente raide et facile dans une pente austère, sans eau. Au loin je vois le plateau du Mustang noir et desertique. J'arrive en vue de Muktinath il est à peine 17h, je pourrais y descendre, mais la vue est trop belle. J'ai trouvé de l'eau, altitude 3800m, je bivouaque au bord d'un plateau, j'ai un point de vue panoramique royal. Dommage pour mon appareil photo, je suis sans doute le seul touriste à ne pas avoir immortalisé ce moment historique: ma pomme à 5416m. Je regrette surtout pour ma brouette, c'est sans doute la brouette la plus haute du monde! Tant pis voilà une carte postale. Ceci dit la vue depuis ce col n'est pas fantastique.

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Jeudi 20 novembre

7 heures, j'ouvre l'oeuil et la tente. Le plateau est blanc de givre. Devant moi le col du Thorong La, encadré par le Thorong peak (6200m) à droite,  et le Yakawagang (6500m) à gauche, recouverts de glaciers que le soleil commence à faire briller. Derrière la tente la vallée et le plateau du mustang, noir et désertique. Je compte quand même 5 villages éparpillés dans cette région. Je descends à Muktinath, dépasse la Lamasserie et m'arrête au premier lodge venu. Je vais faire une étape d'un journée pour me reposer. Je fais un tour dans le village. C'est assez triste, sans dout à cause de la couleur des pierres qui servent à la construction: noir. En plus un vent froid soulève la poussiére qui recouvre tout. Pas vraiment un endroit de villégiature. Pourtant il y a beaucoup d'échoppes d'articles pour touriste. J'y achête des colliers des bracelets et des fossilles (amonites noires) ramassés dans le mustang. Je me ballade au hasard une bonne partie de la journée, puis retourne au lodge passer la  soirée. Nous somme deux clients: un allemand et moi. Il travaille pour voyager, et a déjà visité de nombreux pays.  Coupure d'électricité, nous prenons notre repas aux chandelles . Je me couche de bonne heure,  rien d'autre à faire. Je repense à mon cadeau d'anniversaire. Au fait, c'était pour mes 65 ans. Quand j'étais ado, je pensais qu'à cet âge là, on était plus bon qu'à passer ses journées dans un fauteuil à lire le journal en fumant la pipe. C'est vrai qu'à ce moment là les vieux étaient vraiment vieux.

muktinathune carte postale de Muktinath

Vendredi 21 novembre

7 heures, mon compagnon de la veille est déjà parti. Je démarre à mon tour, il fait un froid de canard. Et le vent qui soulève la poussière n'arrange rien. Je passe Jharkot, village médiéval désert. Ensuite quelques terres cultivées, arrachées au désert par des gènèrations de paysans acharnés. Ensuite la piste longe la vallée, au dessus d'un torrent noir. De temps en temps des petits hameaux, beaucoup de maisons sont équipées d'héliostats, pour faire chauffer l'eau. Il n'y a pas de bois par ici. J'ai l'impression que la plupart est hors d'usage. La vallée est très large, rien n'arrête ce vent qui souffle de plus en plus fort. Je l'ai en face, le sable me pique le visage. Je suis quelques fois déséquilibré par les rafales. Je croise quelques caravanes de mulets, les muletiers sont complétement emmitouflés dans des écharpes. De temps en temps je traverse dans la vallée des sortes d'oasis comme Kagbeni entourée de champs et de vergers de pommiers. J'arrive en fin d'après midi à Jomsom. La nature est trop inhospitalière. Je prend une chambre dans un lodge: "le Jimy Hendrix". Il paraît même que j'occupe sa chambre. Il y a des graphitis sur tout les murs. Il y en a un, daté d'octobre 67 et signé Jimy Hendrix! Je soupçonne plutôt un fumeur de pétard de l'époque qui se serait pris pour le maître. En tout cas la cuisine de l'hôtesse est excellente.Nous sommes 2 clients: un jeune Polonais et moi. Il a fait en une journée le trajet que j'ai fais en 2 jours. Et il n'a pas l'air fatigué. Nous avons pris le repas sur une table entourée de bancs fermés, une lourde nappe descend jusque sur les bancs. Sous la table un récipient métallique est rempli de braises pour nous tenir chaud. Génial.

jharkot        mustang       NILGIRI

cartes postales de Jarkhot, du plateau du mustang et de Kagbeni.

anna7 carte de la journée

Samedi 22 novembre

bonne nuit, suivie d'un petit déjeuner avec Philip sur la table chauffe pieds. Le village est assez étendu, les ruelles sont recouvertes de grandes dalles grises. Il fait frisquet. Je m'arrête dans une boutique pour y acheter des cartes postales, et là, miracle, j'aperçois sur une étagère, entre une pile de nouilles chinoises et des paquets de biscuits, un appareil photo jetable qui m'attend là depuis des années. Je vais pouvoir faire 24 photos, c'est mieux que rien. Je passe un n-ième contrôle de permis. Après Jomosom la piste devient encore plus large et fréquentée par les 4x4. Le torrent grossit, il est toujours aussi noir. Je retrouve le trio de Kangsar (les deux jeunes Australiens et le petit guide Népalais) Leur allure est très drôle: deux grands dadais très minces et le petit bonhomme très rond qui porte un grand sac sur son dos et un plateau de 36 oeufs à la main. Je passe Marpha, la capitale de la pomme (dixit un panneau). Petit à petit la montagne se couvre de végétation, des pâturages apparaissent, et des troupeaux de moutons. En traversant un village je me fais coincer dans un troupeau. j'ai l'impression que se sont des blue ship domestiqués. Tous portent de splendides cornes. Ils sont beaucoup moins dociles que les autres moutons, les bergers ont le plus grand mal à les faire avancer. Cette piste devient monotone, sans doute à cause des 4x4, je n'ai plus l'habitude des voitures. Je bivouaque à Kobang, dans le lit du torrent. Petite journée aujourd'hui.

v3      v2     jomsom

j'étais content d'avoir trouvé un appareil jetable, mais les photos aussi sont jetables! Je crois que je vais continuer avec les cartes postales.

Dimanche 23 novembre

7 h, je suis réveillé par les aboiements d'un chien inquiet. Je lui parle, il se calme et se couche à quelques mètres pour m'observer. J'attends le soleil pour partir, il fait frais, gelée blanche sur l'herbe. 9h, je traverse le village à la grande joie de ses habitants. La montagne se couvre de pins, la vallée de patûrages. Je m'agace un peu des 4x4 et des camions qui circulent sur la piste en soulevant des nuages de poussière. Il y a quand même des convois de mulets et des porteurs. Je fais une pause resto à Ghaza, très entouré d'enfants et d'ados très curieux. Un peu plus loin je trouve une passerelle qui me permet de quitter la piste et de longer le torrent de l'autre côté. J'en suis d'abord content, mais la piste à été emportée par endroit, il faut escalader et la  progression se fait en montagne russe avec de nombreux escaliers. J'ai connu pire. Je dois reconnaître que je n'ai pas la "niaque". Je bivouaque assez tôt près du torrent  un peu avant Kopchepani. De l'autre côté de la vallée je vois circuler des camions sur la piste qui passe par des endroits incroyables. Un jour ou l'autre, un glissement de terrain emportera la piste.

anna8mes photos sont trop moches, je ne publie que la carte.

Lundi 24 novembre

J'ai eu trop chaud cette nuit! J'ai réfléchi à la suite, il me reste 3 ou 4 jours pour rejoindre Pokhara, mais je ne me sens pas vraiment envie de le faire. Soit je me retape quelques temps pour pouvoir continuer, soit je prends un bus qui circule sur la piste. Ce matin le ciel est couvert. Ma dernière hésitation disparaît, je pendrai un bus. J'ai vu assez de montagnes comme ça! Si en plus le ciel est bouché, ça ne vaut pas le coup (La belle excuse). En peu de temps je rejoins la piste, et les camions. Je vois un groupe de cantoniers réparer la piste. Ils sont une douzaine à remuer les rochers, ils ont comme outillage une masse et une barre à mine, c'est tout. Un peu plus loin une femme est assise sur un tas de cailloux. Avec un marteau elle casse les gros pour en faire des petits. ça me laisse un peu rêveur. Un peu avant Tatopani, je trouve un bus à l'arrêt qui attend d'avoir assez de clients pour démarrer en direction de Beni.

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Un groupe d'homme est en train de jouer de l'argent sur un tapis comportant des cases illustrées de figures. L'un d'entre eux lance des dés. Le principe du jeu ressemble à la boule des casinos. Les billets changent de mains, c'est très animé. Le chauffeur estime qu'il y a assez de monde pour rentabiliser le voyage, nous partons. Et là, c'est Paris Dakar . Il faut s'accrocher sérieux, ça secoue dans tout les sens. Le confort du siége est surtout constitué par l'épaisseur de la peau de mes fesses. Heureusement, il y a de nombreux arrêts, pour prendre des passagers ou casse croûte ou pipi. Ma brouette voyage sur le toit, avec des tas de choses par dessus et pas mal de monde. Je me demande comment les passagers du toit peuvent y rester, vu les sauts de cangourou du bus. Nous arrivons à Beni après 4 h de rodéo pendant 30 km. Il faut changer de bus, celui-là à l'air plus confortable. Départ à 14h, arrivée à Pokhara à 20h. Le voyage à été moins dur, la route est presque en bon état. Je trouve un hotel pour la nuit on verra mieux pour demain.

mardi 25 novembre

La nuit a été un peu bruyante. Un groupe d'étudiants en voyage d'étude, a passé la nuit à jouer aux cartes. Ce matin je prend une vraie douche. quel confort. Dans la chambre il y a une glace et je peux me voir en pied pour la première fois depuis 6 semaines. C'est un choc! je suis maigre à faire peur. Un sac d'os avec des plis partout. Le Ghurka avait raison: je ne me suis pas assez nourri. Le plus étonnant est que je ne me suis jamais vraiment senti affamé. En tout cas voilà pourquoi je ne me sentais plus dynamique: j'étais épuisé. Je vais donc passer le reste de mon séjour à me refaire une santé. Repos, restos, dodos. Plus de randos (jusqu'à la prochaine fois).

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